Cabinet Bibal
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Audience du 29 octobre 2021 - Auditions des médecins sur les séquelles physiques et psychiatriques des victimes

Une audience passionnante et cruciale pour appréhender les préjudices des victimes…

Le Docteur Didier OLLAT, chirurgien orthopédiste militaire a pu expliquer l'effet dévastateur des balles d'armes de guerre. Les munitions même blindées, se fragmentent et tournoient dans le corps à cause de la cinétique. Lorsqu'elles touchent l'os il se fragmente en dizaines de morceaux qui deviennent eux-mêmes sources de lésions pour le corps. Il a particulièrement insisté sur le risque infectieux sévère causé par les balles qui contrairement aux mythes ne sont pas du tout "stériles". Le premier geste du chirurgien est donc le lavage des plaies et la surveillance accrue des infections. Il ajoute qu'après le choc pour la victime d'être blessée par une arme de guerre, il y a ensuite les conséquences : "des tiroirs à mauvaises nouvelles peuvent s'ouvrir" en cas de surinfections, d'amputations secondaires, etc.

Le Professeur Thierry Baubet, psychiatre, a expliqué le Trouble de Stress Post-Traumatique (TSPT) qui se caractérise par l'effroi ressenti par les victimes. Le mot effroi vient du latin "Exfridare": faire sortir de la tranquillité/de la paix. Il s'agit d'une "rencontre avec le réel de la mort", la victime fait un pas dans l'au-delà.
La mort et le néant sont désormais ancrés en elles. Lorsqu'un avocat de partie civile lui demande si l'on peut se remettre de cet effroi, il précise : nous avons tous un rideau qui nous protège de la vision du néant, pour les victimes le rideau tombe à jamais, elles ont vu et elles savent.

Le Docteur Catherine WONG, psychiatre, confirme cette notion en parlant de Solastagie, terme utilisé par les écologistes, il s'agit de "la nostalgie d'un monde qu'on aime mais qui n'est plus le même". Elle évoque la perte de l'insouciance : l'attentat a changé leur vie, elle ne sera plus jamais la même.

Ce trouble de stress post-traumatique entraine pour les victimes des modifications considérables sur les projets personnels, professionnels, leur vie de couple, le lieu de vie, etc. Ce n’est pas un choix des victimes, "l’urgence et la quête de la vie s’imposent à elles".

Enfin, Madame DE JOUVENCEL, psychologue spécialisée en neuropsychologie, a évoqué la mémoire traumatique et les conséquences cognitives pour la victime : troubles de la mémoire, de la concentration, intrusions, etc.

Une audience qui nous rappelle qu’il est important d'entendre et de lire le partage d'expérience de ces médecins qui ont soigné et suivi les victimes d'attentats et de trauma.

Emma Dinparast

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